La plupart des messages nous demandent de prier et de bénir. Mais malheureusement, pour beaucoup, le mot bénédiction a perdu beaucoup de sa substance et n’a plus grande signification ; au mieux, il ne les concerne pas.
Et pourtant dans notre vie quotidienne, la bénédiction peut prendre une place importante et nous apporter, comme à notre entourage et à tous ceux à qui nous la destinons, des grâces importantes, dont il est bien
dommage que nous nous privions trop souvent.
C’est pourquoi, il n’est pas inutile, pour ne pas dire indispensable, d’en reparler. Dans cet entretien, Pierre Pradervand nous rappelait comment il avait été amené à écrire son livre Vivre sa spiritualité au quotidien, en quoi consistait la bénédiction et ce qu’elle pouvait nous apporter.
La Revue : Comment avez-vous été amené à écrire ce livre qui sort de l’ordinaire ?
Pierre Pradervand Voici déjà quelque temps, j’ai dû renoncer à mon emploi pour des raisons de déontologie professionnelle, ne pouvant accepter ce que l’on aurait désiré me voir faire. J’en ai conçu un ressentiment très vif contre mes anciens supérieurs qui, dès lors, m’a obsédé pendant des mois. J’y pensais en me levant et le soir encore en me couchant.
Pourtant je priais, je méditais pour m’en libérer, jusqu’au jour où en relisant le Sermon sur la montagne une phrase m’a ébranlé : « Bénissez ceux qui vous maudissent » dit Jésus (Matthieu 5 - 44). Cela a été pour moi comme une illumination, si forte qu’à l’instant même j’ai commencé à bénir ceux qui m’avaient obligé à démissionner. J’ai continué à le faire des semaines et des mois.
La spiritualité permet d’obtenir beaucoup, mais rien ne se passe dans l’instant. Il faut montrer de la persévérance et recommencer des milliers de fois. C’est ce que j’ai fait, ne cessant de bénir.
Je travaille beaucoup sur l’instant présent, qui tient une grande place, on le sait, dans la doctrine bouddhiste. La version en anglais de mon livre que je suis en train d’écrire, comportera d’ailleurs un chapitre supplémentaire consacré à l’art de bénir et au moment présent. Souvent en mangeant, je bénis tous ceux qui ont contribué à amener le repas sur la table. Ce qui m’emmène souvent très loin et me permet de réaliser notre interdépendance avec la planète entière.
Afin de mieux comprendre votre démarche, pourriez-vous nous parler un peu de vous ?
Je suis fils d’un pasteur calviniste genevois. Ma famille qui s’est installée à Londres, en 1938, a vécu toute la guerre en Angleterre et n’est revenue à Genève qu’en 1948.
Ma mère étant née de parents suisses mais en Angleterre, je suis parfaitement bilingue. Cette ascendance me permet d’apprécier l’humour et m’a donné le goût du fair-play. Mon père m’a donné l’exemple d’une intégrité totale. Notion qui dépasse celle habituelle d’honnêteté puisqu’il s’agit d’être vraiment en accord avec soi-même. L’identité profonde demeure pour moi fondamentale sur le plan spirituel. Il m’a donné aussi l’exemple d’une grande simplicité que l’on retrouve dans l’enseignement de toutes les grandes spiritualités mondiales comme je l’ai montré dans mon premier livre : Découvrir les vraies richesses.
Quel a été votre parcours ?
Après mes études secondaires, alors que je menais une vie bourgeoise à Genève, je suis parti travailler pour la Cimade française une association, dans les années 57-58 — c’était la guerre d’Algérie— dans les bas-fonds de Marseille. Côtoyer la misère des émigrés de ces quartiers avec ses fléaux la drogue et la prostitution, sur fond de guerre civile, a été une expérience très dure mais à la fois extraordinaire. J’y ai créé un club de jeunes, ceux qui traînaient habituellement dans la rue.
J’ai vécu aussi près d’une fraternité des frères de Taizé très engagée socialement que j’ai beaucoup admirée ensuite. Deux ans ensuite de théologie m’ont guéri pour toujours d’une forme de spiritualité totalement intellectuelle. Comme j’ai été un chercheur toute ma vie, j’ai fait de la sociologie et suis parti en Algérie par idéalisme politique. J’ai été vite confronté à la réalité d’un état policier. On avait changé les structures, comme le réclamait le marxisme, mais on n’avait pas changé le cœur des hommes et on continuait à torturer. Ce fut le départ pour moi d’une longue réflexion…
D’autant que j’avais déjà commencé à fréquenter les Quakers, expérience qui m’a beaucoup marqué. Georges Fox (1642-1691), le fondateur, était un libertaire spirituel qui s’était révolté contre l’Église d’Angleterre et avait fondé un mouvement spirituel sans clergé. Il disait deux choses très simples : chaque homme a une relation directe avec Dieu et il y a une étincelle divine en chacun.
Un ouvrage vous a beaucoup influencé dans votre recherche spirituelle.
Vivant aux États-Unis un peu plus tard, où je suis resté deux ans, j’ai découvert, en effet, « Science et Santé avec la clé des Écritures ». Il s’agit d’un livre écrit en 1875 par une Américaine, Mary Baker Eddy. Elle a eu sur moi une grande influence par l’intégrité de sa démarche.
Cette femme a eu l’expérience de sa propre guérison spirituelle. Alors que son médecin pensait qu’elle allait trépasser victime d’une mauvaise chute, elle a guéri soudainement après avoir lu le récit d’un miracle dans les évangiles. Elle s’est isolée et a médité pendant trois ans sur ce phénomène mystérieux jusqu’à ce qu’elle
s’aperçoive pouvoir aussi guérir les autres. Elle a voulu comprendre ce qui se passait. Et elle a découvert qu’il existe des lois spirituelles, aussi rigoureuses que les lois de la physique et de la chimie, auxquelles je crois personnellement et qui sont à la base de mon livre. Son ouvrage, traduit en 17 langues, a été vendu à près de dix millions d’exemplaires en un siècle. Pour ma part, je considère qu’il demeure un des grands textes spirituels méconnus.
Ce qui me paraît fascinant, compte tenu de ma formation scientifique, est sa caractéristique, sans doute unique dans les écrits religieux : les 100 dernières pages apportent la preuve de ce qui est décrit dans les 600 pages qui les précèdent : il s’agit des récits de guérisons les plus diverses obtenues uniquement en appliquant les enseignements du livre.
Je peux dire que je me suis battu avec ce livre, page après page, jusqu’au jour où, après un déclic, j’ai compris ce qu’elle voulait dire. Ma formation calviniste : culpabilité, prédestination… ne m’en facilitait pas la compréhension, il est vrai. Je pense souvent à ce verset de la Bible où il est dit : « Je te redonnerai les années que les sauterelles ont mangées ». Aujourd’hui, avec un regard rétrospectif, tout dans ma vie prend un sens et me paraît positif.
L’essentiel de ma réflexion en ce moment, avec la bénédiction, porte sur la gratitude et l’instant présent. Je pense que chaque instant est un cadeau de l’amour et peut être empreint de reconnaissance. Le maître tibétain Dugga Rimpoché, dans son superbe livre Préceptes de vie (Ed. du Chatelet) écrit « Seul l’instant est éternel… L’instant n’a pas de limite. Si nous pouvions le vivre pleinement, nous saurions ce qu’est l’éternité, car le présent est éternel… Tout se passe dans le même lieu, le même temps, le même moment. »
Avez-vous vécu vous aussi des cas de guérisons ?
En Afrique, où j’ai travaillé comme sociologue, dans les années 70, j’ai eu l’occasion de partager ce livre et j’ai vu des choses étonnantes. Au cours d’une conférence j’avais prêté « Science et Santé » à la déléguée du Burkina-Fasso qui venait d’avoir sa énième crise d’asthme, problème devant lequel les médecins restaient impuissants. Avant d’en terminer la lecture, elle a été guérie.
Après un tour d’horizon qui permet de mieux comprendre la genèse de votre livre, qu’entendez-vous précisément quand vous écrivez : « les lois spirituelles, à défaut d’y croire, il faut adopter une démarche expérimentale. »
Il n’est pas nécessaire de comprendre les lois spirituelles pour commencer à bénir.
Commencer à bénir les gens, change la nature de nos relations parce que cela change la nature de notre pensée. Nous voyons le monde à travers nos pensées. Quelque part, on vit en secret son propre univers par la qualité de ses pensées. Le monde que nous voyons est le monde de nos pensées, qui agissent comme un filtre Inévitablement quand nous commençons à bénir les gens, nous avons des relations qui s’améliorent dans tous les domaines. J’en ai reçu des témoignages du monde entier avant d’écrire ce livre.
La facilité avec laquelle on peut bénir ne constitue-t-elle pas un danger de superficialité pour la bénédiction ?
Quand je bénis quelqu’un, j’essaie vraiment de créer un feeling avec cette personne. Et quand on le fait pendant des années on développe une sensibilité extraordinaire. J’ai l’impression de sentir l’état mental des gens.
Vous dites aussi : « la bénédiction spontanée est une fontaine jaillissante… »
Il s’agit en effet de l’énergie du cœur. Ce n’est pas une démarche intellectuelle, cartésienne. Elle vient spontanément. Il se crée un enchaînement actif-positif : plus vous bénissez plus vous apprenez à aimer les gens sans les juger. Et plus vous les aimez sans les juger plus vous avez envie de les bénir. C’est une spirale ascendante…
Pour aider votre lecteur à bien comprendre le fonctionnement de la bénédiction vous utilisez « Ia parabole » des oiseaux…
Un vieux sage africain explique que l’on est toujours gagnant quand on bénit et toujours perdant quand on maudit ; ce dernier mot est pris dans un sens large signifiant envoyer une énergie négative.
Il imagine un mur où se trouvent des niches noires avec une forme particulière où vivent des oiseaux noirs - les mauvaises pensées - et des niches blanches d’une autre forme où logent des oiseaux blancs - les bonnes pensées, les bénédictions. Si deux personnes, Georges et Albert par exemple, ont des mauvaises relations et s’envoient de mauvaises pensées, l’oiseau noir envoyé par chacun trouvera une niche
chez l’autre où il fera des dégâts. Si Georges au contraire avait envoyé de bonnes pensées, l’oiseau noir d’Albert n’aurait pas trouvé de niche où se loger et serait revenu là d’où il est parti avec une énergie négative accrue. Par ailleurs l’oiseau blanc de Georges serait revenu lui aussi à sa niche, stimulé par son voyage.
On est donc toujours gagnant quand on envoie des pensées positives, des pensées de compassion. Comme disait Mary Baker Eddy : « Revêtue de la panoplie de l’amour, vous êtes à l’abri de la haine humaine. » Sur le plan spirituel, le positif est toujours plus fort.
À titre d’exemple, je peux citer l’histoire de cet homme vivant au Ruanda. Sa maison était envahie par des hommes qui voulaient assassiner toute sa famille. Il les a maintenus à distance uniquement en travaillant spirituellement, en leur envoyant des pensées d’amour. C’est l’exemple le plus extraordinaire de non-violence dont j’ai jamais entendu parler dans ma vie.
Vous en donnez d’autres dans votre livre, également étonnants…
Il y a celui de l’homme qui ramasse un portefeuille dans la rue avec l’intention de se l’approprier et qui finalement le rend à son propriétaire en disant : « Madame a dit qu’il fallait que je vous le rende », alors que simple spectatrice de la scène cette femme n’avait rien dit mais avait béni cet homme pour qu’il reste honnête… Ou celui de ce déporté, fait sans doute unique dans les annales des camps de concentration nazis, qui est resté en parfaite santé pendant six ans parce qu’il aimait tous ceux qui l’entouraient. Médicalement ce fait était incompréhensible en 1945. C’est seulement depuis une quinzaine d’années que s’est créée cette nouvelle science médicale la psycho-neuro-immunologie, qui a fait la preuve par des tests que l’amour renforce le système immunitaire.
Je voudrais, maintenant, parler d’un sujet que je n’aborde pas dans mon livre : la bénédiction, comme une forme du karma yoga.
Il existe différentes formes de yoga. Le karma yoga concerne le détachement complet de l’ego. Dans l’enseignement de cette discipline on distingue trois principes importants : 1 Ne pas s’attacher à l’action ; 2 Ne pas s’attacher au fruit de l’action ; 3 Réaliser que l’on n’est pas le créateur de l’action.
Je travaille tous les jours dans cette direction. Je vois la bénédiction comme une des façons d’appliquer le Karma-Yoga. On ne s’attache pas à la bénédiction pour elle-même, pour le plaisir ou les fruits qu’elle procure. On en est complètement détaché puisqu’on ne sait jamais le bien qu’elle peut apporter à quelqu’un. Finalement, c’est un acte de foi gratuit. On réalise qu’en fait on est l’instrument de la vie, de l’énergie divine. On est des témoins de l’amour universel en action.
« L’homme libéré a abandonné tout attachement au fruit de ses actions, dit Sri Aurobindo. Or, quand on agit non pour le fruit mais uniquement comme instrument impersonnel du maître des œuvres, le désir ne peut pas prendre place ; pas même le désir de servir avec succès, car le fruit est au seigneur et déterminé par lui et non par la volonté et l’effort personnel ; pas davantage que servir méritoirement et à la satisfaction du maître, car le réel auteur est le seigneur du maître et toute gloire appartient à une forme de sa chakti, (N.D.L.R. la nature suprême de Dieu). » Ce passage résume actuellement ma démarche spirituelle.
Quels sont les écueils que l’on peut rencontrer dans l’art de bénir ?
J’en vois deux. Le premier est de bénir d’une façon mécanique et superficielle, sans y penser vraiment. Le deuxième est l’orgueil qui s’accroche à l’ego dont la suppression constitue la clé de voûte de tous les enseignements spirituels.
En quoi la bénédiction nous aide-t-elle à nous affranchir du jugement ?
Il est impossible de bénir sincèrement et de juger. Les deux attitudes ne peuvent simplement pas coexister. C’est pourquoi la bénédiction est la façon la plus efficace que j’ai découverte de résoudre tous les problèmes de relations humaines. Tous sans exception. En fait, il faut que les laïcs apprennent à se réapproprier la bénédiction.
Voudriez-vous aborder un dernier sujet ?
Oui. Il faut aussi se bénir soi-même. On ne pense jamais à cela. Nous vivons dans une société où les gens ne s’aiment pas eux-mêmes et dont la frustration se manifeste notamment dans une « hyper » consommation. Jésus a dit voici 2 000 ans : « Aime ton prochain comme toi-même ». On nous a dit d’aimer le prochain et on ne nous a pas parlé de nous-mêmes.
Quand j’aborde cette question dans mes ateliers, certains rétorquent que c’est de l’orgueil. Ils ne comprennent pas que l’on ne peut pas aimer les autres si on ne s’aime pas soi-même ; la véritable intégrité est de s’accepter comme on est.
Se bénir accroît la force de notre bénédiction pour les autres. Ainsi nous pouvons tendre à l’harmonie, fondement de l’univers.
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SOMMAIRE :
03 : Éditorial
06 : Georges Morrannier :
La parapsychologie moderne,
métapsychie future
08 : Message du Père François Brune
09 : Les messagers de l'Invisible
10 : Père Pio : La puissance de la prière
et de la bénédiction
: Marthe Robin : Message
: Hélène Bouvier : Message
12 : Entretien : Robert Martin
15 : ORE : La mission de Ned Dougherty
18 : Les charismes : L'odeur de sainteté après la mort
19 : Ces expériences qu'ils vivent :
Des révélations inespérées et bienvenues
20 : Rubrique : Un départ mais surtout une arrivée
22 : Chronique Dr Charbonier :
PCH ET TCH : Des expériences non spécifiques
24 : Réflexion : Namasté…
24 : Bénédiction : Pierre Pradervand à Croixrault
25 : Le bonheur, ça se construit :
Intuition, inspiration
26 : Prière et méditation :
Un moment privilégié
27 : Paroles
28 : Actualités :
- L'intelligence artificielle
- Petites nouvelles
- On en parle : Un sommet de courage
31 : La pensée du jour de Père Pio :
(Septembre 2024)
32 : Matière à réflexion
32 : Association
33 : Conférences et médiumnité
36 : Découvrir la nature : La solidarité animale
Biomimétisme et astuces de la nature :
Le papillon morpho
37 : Livre du mois :
Sagesse animale
38 : Livres et anciens numéros
40 : Bonnes feuilles :
La pensée positive et la visualisation : extrait de :
Développez votre pouvoir guérisseur
de Luc Bodin
42 : Courrier
43 : À découvrir
La Revue de l'au-delà
50, chemin de Cabrières
13410 Lambesc
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Tél : 09 64 46 25 89 - 06 80 40 21 66
Dernière mise à jour du site le 20 novembre 2024